Yoga Sutra de Patanjali pour tous - Introduction

Par

le

Guillaume Alexandre
21 janvier 2021

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Au sommaire de l’article

Temps de lecture : 15 minutes

Avant propos

Le but de cette présentation des Yoga Sutra est d’apporter un aperçu des principes et pratiques décrits par Patanjali.

Cette page d’introduction est la page « chapeau » d’un ensemble de documents (en pyramide) dont les liens (url), présents sur chaque page, vous guideront vers des informations de plus en plus détaillées, en adéquation avec le niveau dans lequel vous vous trouverez. Ainsi, plus vous irez en profondeur dans la pyramide et plus vous aurez accès à la richesse de l’enseignement (de Patanjali). Cet ensemble pyramidal sera érigé progressivement dans le temps : mensuellement, un nouvel article sera diffusé.

L’idée première de ce projet d’étude

Elle a pour origine de proposer, avec des mots simples, la découverte de cet ancien texte de yoga intitulé « Les Yoga Sutra de Patanjali ». Une initiation qui se veut donc à la portée de tous, pour être accueillie au mieux par les débutants en yoga. Une qualité qui permettra aussi aux adeptes avancés d’aller aisément à l’essentiel, pour approfondir leurs connaissances, ou se les remémorer.

Vous ne trouverez donc pas ici une étude très poussée des Yoga Sutra dans le domaine de l’abstrait ou de la « métaphysique ». Au contraire, le concret et le sens pratique du texte seront mis en valeur et accompagnés le plus souvent d’exemples trouvés dans la vie de tous les jours ce qui incitera peut-être certains d’entre-nous à approfondir personnellement leurs recherches au travers d’autres ouvrages. Car en effet, de nombreuses traductions et interprétations des Yoga Sutra existent déjà sur le marché du livre. Certaines offrent une perspective très détaillée pour la compréhension avancée du texte, d’autres sont plus légères. Il peut être tentant de rechercher la traduction unique qui semble être la meilleure. Cependant, chaque traduction, tout en ajoutant parfois un supplément de précisions par rapport à d’autres éditions, peut aussi, à l’inverse, en omettre d’autres. Il semble alors donc approprié, si le besoin se fait sentir, de parcourir plusieurs de ces recueils pour, de lecture en lecture et surtout, de relecture en relecture, trouver ce qui vous sera le plus utile.

Qu’est-ce que les Yoga Sutra de Patanjali ?

Il s’agit d’un texte que les spécialistes datent approximativement entre les années 200 et 400 avant notre ère. Il rassemble, sous forme de codification extrêmement bien organisée, des connaissances et pratiques millénaires. L’apparition des Yoga Sutra de Patanjali n’est donc pas à l’origine d’un courant de pensées. Ce texte est un résumé magistral de connaissances, un condensé d’outils et de modes d’emploi déjà connu à cette époque et dont la passation de génération en génération se faisait, certainement pour beaucoup, par un enseignement oral. En effet, le yoga a une très longue histoire. Aujourd’hui, les experts estiment qu’il existait probablement il y a 5000 années, ce qui est plutôt pas mal comme profondeur d’enseignement. Patanjali à ainsi réalisé un résumé magistral.

Un condensé d’outils et de modes d’emploi, pour quoi faire ?

Les Yoga Sutra de Patanjali décrivent, en quelque sorte, le fonctionnement de la psyché et aussi, la manière dont nous pouvons la façonner en vue de répondre à un objectif, celui de l’éveil à la conscience qui serait lié à une question de liberté. Améliorer le bonheur est une quête de l’homme depuis toujours, autant dans le rapport qui le lie à son environnement que dans celui qu’il tisse avec lui-même.

Psyché : théorie de psychologie désignant l’ensemble des manifestations conscientes et inconscientes du cerveau humain. (source : linternaute.fr)

Un condensé d’outils et de modes d’emploi, sous quelle forme ?

Le texte est organisé en quatre chapitres totalisant 195 ‘versets’ que l’on nomme plus couramment ‘aphorismes’, ou encore ‘sutra’ en langue sanskrite. Chacun de ces aphorismes est composé de mots précis, sans verbe, dont l’alliance, l’union, donne au lecteur un enseignement à la fois étendu, absolu, profond et intemporel. Un pur jus concentré plein de saveurs qu’il est indispensable de diluer, de commenter, afin de le comprendre, de le percevoir au mieux. Une perception, par le raisonnement, issue traditionnellement de commentaires oraux, qui va s’affiner au fur et à mesure des (re)lectures des Yoga Sutra et de l’accueil que l’on en fait au moment de l’étude : l’élève, souvent, se surprend à comprendre différemment, plus en finesse ou en profondeur, à chacun de ses nouveaux passages, le sens des aphorismes. Ainsi, la sensualité globale du texte sert aussi à la compréhension de chacun des sutra. L’importance d’une relecture sans fin, en conscience et avec analyse méditative, prend donc ici tout son sens. Elle a pour but d’illuminer progressivement le message latent transmis par la finesse des mots choisis et des liens qui les relient pour, parfois, lorsque le message porté par le texte apparaît telle une étincelle, ravir le mental de l’étudiant : concrètement, lorsque cela survient, c’est un frisson qui envahit le corps du voyageur, l’extirpant de son analyse intérieure, pour finalement, après un moment de silence, le pousser inconsciemment à prononcer ce mot : « Admirable ».

Les Yoga Sutra de Patanjali, pour qui ?

Pour tous ! Il sont universels et aucunement réservés à une élite. Ils présentent des concepts concrets, dédiés à l’humain, quelles que soient son origine, ses croyances, et sa religion. L’enseignement est respectueux de tous et ne nécessite aucune soumission quelle qu’elle soit. Il consiste en un développement personnel et s’adapte à la personne, à son niveau de connaissance et à son rythme d’apprentissage. Il est donc aussi, tolérant.

Définitions

Source des définitions de ce document : Dictionnaires sanskrit numériques de Cologne et d’Asie du sud (DDSA).

Sūtra (सूत्र) 1. Un fil en général. 2. Une règle, un précepte, en morale ou en science; une phrase courte, obscure et technique, jouissant d’une certaine observance en droit ou en religion, ou suggérant une règle de grammaire, de logique, etc. Dans chaque cas, c’est la partie fondamentale et primitive de l’apprentissage hindou, et c’est la forme sous laquelle apparaissent les œuvres des premiers écrivains inspirés supposés; l’ingéniosité et le travail des auteurs ultérieurs ayant développé et expliqué les Sutras originaux dans divers commentaires et gloses. 3. Une opinion ou un décret, (en droit.) 4. Une ficelle, une collection de fils, comme celle portée par les trois premières classes, etc. 5. La ficelle ou le fil d’une marionnette. 6. Une fibre.

Les sūtra nécessitent des commentaires approfondis et, en raison de leur ambivalence, peuvent être interprétés de différentes manières. A cette catégorie appartiennent tous les textes des différentes écoles.

Yoga (योग) 1. Rejoindre, s’unir. 2. Union, jonction, combinaison. 3 Contact, toucher, connexion. 3. L’un des six Darshanas ou écoles philosophiques des Hindous.

Les Yoga Sutra de Patanjali peuvent donc être conceptualisés comme étant un fil ou des fils, un enseignement, une connaissance, menant l’élève, le pratiquant, l’aspirant, vers l’union, la réunion, la connexion des différentes parties qui le composent : mental, respiration, corps de chair, corps énergétique, corps émotionnel, conscience, etc. La métaphore trouvée suivante est parlante : c’est un fil, ou plusieurs fils, tissant une tapisserie de perspicacité et d’expérience directe.

Selon certaines interprétations, sutra serait employé dans sa forme plurielle (Yoga Sutras) désignant autant de fils, de chemins ou d’outils, menant à l’union. D’autres disent qu’il est utilisé dans sa forme singulière (Yoga Sutra) désignant un seul fil cohérent, une unique ligne directrice qui traverse tout le texte. Les deux vues ajoutent une perspective intéressante.

Autres appellations

Les Yoga Sutra de Patanjali sont également connus sous les noms de :

  • Raja Yoga, le Yoga Royal,
  • Kriya Yoga, le Yoga de l’Action,
  • Ashtanga Yoga, le Yoga des Huit Membres (à noter que cette appellation ne fait pas référence ici au yoga physique du même nom, enseigné à l’origine par le maître Sri Krishna Pattabhi Jois à Mysore, en Inde).

Ces termes, Raja, Kriya et Ashtanga, sont issus de mots, de concepts importants, employés par Patanjali dans son enseignement.

Nota sur la traduction des chapitres et des aphorismes

Il est à souligner que le travail réalisé dans le cadre de cette présentation est délicat à mettre en place. En effet, comme déjà évoqué plus haut, le texte de Patanjali a été maintes et maintes fois commenté et traduit et ceci, depuis des siècles. Ainsi, la question posée est de savoir comment, par exemple, énumérer dans le cadre de ce projet le titre des chapitres ou encore, apporter une traduction des sutra en évitant un quelconque plagia. Je souhaite donc dire à tous les auteurs que c’est avec admiration et grand respect que je parcours certaines de leurs œuvres. Je citerai donc la source de mes inspirations dans un document dédié à cela, et mes écrits ne seront aucunement mots pour mots, leur propos.

Aperçu graphique des chapitres des Yoga Sutra de Patanjali

Il sont au nombre de quatre, et en juxtaposant les aphorismes de ces chapitres les un en dessous des autres, cela donne la représentation graphique suivante :

Cartographie du texte

Cartographie Yoga Sutra © Yogapage

Le nombre d’aphorismes par chapitre est le suivant :

Yoga Sutra – Chapitre I – Samadhi-Pada – L’absorption éclairante

Yoga Sutra - Chapitre 1 - Localisation

Samādhi : Méditation profonde ou abstraite – Concentration de l’esprit avec absorption parfaite de la pensée dans l’unique objet de méditation.

Le mot ‘objet’ cible ici la source de la pensée. cette source peut-être un objet concret (une table, une chaise, etc.) mais aussi un être humain, un paysage, une couleur, un projet de vie, une relation, une émotion, etc. Samadhi c’est lorsque seule la source de pensée existe. On dit alors que ‘seul l’objet rayonne’ : rien d’autre ne vient perturber le méditant qui perd alors la notion du temps et même la conscience qu’il a de lui-même. Patanjali revient plusieurs fois sur cette notion dans son texte et la détaille.

Pādaḥ : Un pied. Un pas ou une empreinte. Un bureau ou un poste, un grade ou une station.

On pourrait traduire ce chapitre par « L’étape vers l’absorption éclairante »

C’est la section des définitions. Elle va expliquer ce qu’est le yoga, ce qui se passe quand il y a état de yoga et quand il n’y a pas état de yoga. Elle donne également des indications pour tenter d’apaiser le mental afin d’accueillir les obstacles de la vie ou de les éviter. Elle aborde, pour finir, cet état ultime qui culmine dans la suspension, l’arrêt des activités du mental.

On peut lire souvent que ce chapitre s’adresse à un auditoire plutôt avancé dans l’expérience du yoga. Il est vrai que, traitant de définitions, ce texte, abordé par un pratiquant novice, ne lui indiquera pas comment arriver à l’objet de la description, car il définit uniquement l’objet en question, par exemple, l’état de yoga. Il en va de même pour la définition d’un théorème de mathématique : ce dernier ne donne pas le cheminement nécessaire pour qu’il soit démontré et atteint, il se contente simplement de mettre en lumière le théorème à appliquer, ainsi que son intérêt.

Autre exemple, l’aphorisme « Se protéger des rayons du soleil rend comme ‘invisible’ l’exposant, de l’astre solaire, et préserve la peau » définit une action qui engendre une qualité pour un bien-être. Cet aphorisme n’explique pas la façon d’y arriver, simplement le résultat. Ainsi, pour bénéficier de ce bien être, il faut employer des outils selon un mode d’emploi bien défini qui doit être présenté : « Ne pas s’exposer trop souvent au soleil » – « S’enduire de crème solaire régulièrement lors de l’exposition », etc. Un conseil, une méthode qui, s’ils sont appliqués, permettent de cheminer vers un résultat. Un résultat qui se doit aussi d’être exprimé clairement afin d’en comprendre le réel intérêt : « La peau est préservée des rayon UVA/UVB, ce qui la rend belle et agréable à porter plus longtemps » – « La peau garde ses propriétés de jeunesse », etc.

Pour revenir à ce premier chapitre des Yoga Sutra de Patanjali traitant principalement des définitions « brutes » du yoga, il est peut-être maintenant plus compréhensible que le jeune élève ait quelques difficultés à en percevoir tout l’intérêt et la profondeur, ainsi qu’à trouver la méthode pour y parvenir. Cependant, la connaissance même de l’existence du ‘théorème’ lui sera d’une grande utilité. Elle lui permettra de découvrir et définir intellectuellement un but vers lequel avancer. Elle créera aussi l’envie. En reprenant l’exemple du soleil, en l’absence de connaissance sur ce dernier, du pourquoi, du comment et du bénéfice de s’en préserver, l’envie d’accéder au mieux être (bonheur) ne se fait pas. Ce besoin apparaît alors souvent indirectement, au travers de blessures physiques ou morales (souffrances). Peut-être connaissez vous ce dicton : « Des blessures jaillissent la lumière ». Et si la lumière jaillissait avant la blessure ? Patanjali, dans son ouvrage, tente de répondre aux deux cas de figure.

Tout cela pour dire que le débutant ne doit pas laisser cette section de côté. Il y trouvera des choses utiles dès sa première lecture. Cependant, la compréhension complète du concept ainsi que sa mise en pratique interviendront peut-être plus tard. L’enseignement oral est à privilégier.

> Etudier le chapitre 1

Yoga Sutra – Chapitre II : Sadhana-Pada – La démarche pratique

Yoga Sutra - Chapitre 2 - Localisation

Sādhana : menant au but – effectuant, produisant, procurant – un moyen d’accomplir, d’avancer.

Pādaḥ : Un pied. Un pas ou une empreinte. Un bureau ou un poste, un grade ou une station.

On pourrait traduire ce chapitre par « L’étape du cheminement vers la mise en pratique »

Cette partie aborde la démarche pratique qu’il est important d’engager au quotidien pour avancer vers l’état de yoga. Patanjali va donc ici proposer de nombreux outils et conseils permettant de se diriger vers la clarté d’esprit et ainsi, s’éloigner de l’agitation mentale. Pour cela, il détaille dans un premier temps le problème et sa cause, pour ensuite mettre en avant la solution et proposer le remède.

Les commentateurs des Yoga Sutra mentionnent que ce paragraphe est davantage destiné aux personnes dont le chemin vers le yoga est encore long, celles chez lesquelles le mental est assombri, influencé, dirigé, par les afflictions.

Voici donc ici la description de connaissances importantes, nécessaires pour cheminer vers l’objet des définitions du premier chapitre. Elle est très appropriée à l’initiation aux concepts du yoga. C’est une base d’enseignement dédiée à tous, dont la mise en pratique permanente est loin d’être aisée (!). Elle introduit le chapitre 3.

> Étudier le chapitre II

Yoga Sutra – Chapitre III : Vibhuti-Pada – La spécialisation

Yoga Sutra de Patanjali - Chapitre 3 - Localisation

Vibhūti : Prospérité, bien-être, grandeur – Pouvoir ‘surhumain’, composé de huit facultés spécialement attribuées à Siva, et censées être accessibles aux êtres humains – Cendres de bouse de vache.

Pādaḥ : Un pied. Un pas ou une empreinte. Un bureau ou un poste, un grade ou une station.

On pourrait traduire ce chapitre par « L’étape des développements, en vue de la spécialisation ».

Dans cette troisième partie, qui prolonge la seconde, Patanjali poursuit son exposé et aborde plus précisément les moyens nécessaires permettant de conditionner l’attention mentale, en vue de l’apaiser, de la nettoyer, de la purifier d’éventuelles affections qui pourraient troubler la réflexion et ainsi, de la rendre plus apte à l’apprentissage et au développement des capacités personnelles.

Le mot purification ne doit pas être pris ici dans le sens ‘moral’ du terme. La morale peut-être fonction de la culture alors que le yoga, rappelons-le, s’adresse à chacun, quelles que soient son origine, ses croyances, et sa religion.

Imaginons que nous souhaitions laver du linge en machine. Pour obtenir un bon résultat, la première vérification consistera à dissocier les couleurs, du blanc. En cas de distraction ou de méconnaissance de cette règle, il se pourrait que le beau pull blanc, que nous venons d’acheter, ressorte emprunt d’une couleur dont l’origine proviendrait de cette mauvaise association. Si la nouvelle couleur est belle, super, c’est une chance, mais dans le cas contraire nous sommes affligés. Le sentiment, voire l’émotion, qui en résulte (par exemple la colère) nous poussera a engager des actions inappropriées. Selon l’état de profondeur de l’atteinte de notre affect, la machine à laver pourrait passer un mauvais quart d’heure ou le linge être jeté. L’action peut être instantanée ! Un manque de discernement qui, plus tard, lorsque que le calme sera revenu, mettra en lumière peut-être, le souvenir de ce produit magique, disponible dans la droguerie du coin, permettant de récupérer les habits blancs souillés. Mais ce sera trop tard, la machine sera cabossée et le linge expédié…

Dans cette exemple, il y a plusieurs sources de ‘pollution’ mentale (la distraction cause l’erreur dans le tri du linge, l’habit souillé afflige et entraîne l’action inappropriée), un mot à rapprocher de celui de ‘purification’. Ces deux mots, dont le sens et l’interprétation pourraient sembler un peu complexes, peuvent trouver des synonymes tout à fait accessibles :

  • Pollution mentale : pensées néfastes, idées agitatrices, objets mentaux sources de trouble ou de distraction, affliction, vide mental ou idées erronées issues de la méconnaissance.
    Cette exemple de mélange de linge montre aussi comment un objet peut être altéré par un autre (le blanc est altéré par la couleur noir par exemple). Il en va de même avec le mental. Si plusieurs idées, sources d’attentions différentes, sont présentes ensemble, il se peut que ça se mélange dans la tête ! Il y a pollution.
  • Purification mentale : action de purifier, de nettoyer, d’apaiser ou de prendre du recul par rapport aux évènements négatifs de la vie et/ou aux conséquences non appropriées de nos actions (répercutions).
    La finalité est d’éclaircir le mental, de discerner les choses correctement, de voir la vie dans sa vraie nature. Les moyens pour y parvenir sont l’attention, la concentration, la réflexion, l’apprentissage, etc.

On peut donc comprendre, au travers de ces exemples, comment le ‘nettoyage’ du mental est essentiel à l’apprentissage, au développement des connaissances et des capacités, en vue d’une spécialisation éclairée (non mélangée) dans tel ou tel autre domaine.

Certains des concepts abordés dans les exemples ci-dessus sont détaillés au deuxième chapitre des Yoga Sutra de Patanjali. Ils permettent de rendre plus accessible cette troisième section d’enseignement, dont la finalité est le ‘pouvoir’ du discernement éclairant de chaque instant, conduisant à la délivrance et ainsi à la liberté (libération finale).

> Étudier le chapitre III

Yoga Sutra – Chapitre IV : Kaivalya-Pada – La libération finale

Yoga Sutra de Patanjali - Chapitre 4 - Localisation

Kaivalya : Isolement parfait, solitude, exclusivité – Détachement de l’âme de la matière, identification à l’esprit suprême – Émancipation finale ou béatitude – Bonheur absolu – (Kaivalyaṃ : ) Émancipation éternelle, bonheur futur.

Pādaḥ : Un pied. Un pas ou une empreinte. Un bureau ou un poste, un grade ou une station.

On pourrait traduire ce chapitre par « L’étape de libération, vers l’absolu bonheur ».

Le terme ‘isolement’ est à prendre dans le sens de ‘liberté’. En effet, ‘Isoler’ est l’action de séparer (quelque chose) d’objets environnants, d’empêcher de mettre en contact une chose avec autre chose. Ainsi, dans le sens du yoga, c’est tenter prendre du recul (mettre un espace intérieur), essayer de s’éloigner de l’incidence potentiellement néfaste des sources ou conséquences des afflictions et ainsi, se libérer des mauvaises habitudes et actions résultantes qui, pour certaines, pourraient raisonner un temps plus ou moins long dans le futur.

Pour reprendre l’exemple du linge mal lavé en machine (voir paragraphe « Yoga Sutra – Chapitre III : Vibhuti-Pada – La spécialisation ») et du parfum d’échec issu de l’erreur, la liberté serait de ne plus être affecté par ce genre de déconvenue. La liberté serait de réussir à introduire un espace intérieur afin de prendre le temps d’observer le changement de couleur en notre for intérieur : dans cet exemple, on pourrait discerner la surprise dans un premier temps, puis l’extrême déception et enfin la colère, en découvrant le beau pull blanc souillé. La liberté serait alors de ne pas se laisser guider par l’émotion finale, la colère, mais plutôt de prendre en considération cette perturbation interne afin de stopper l’action jaillissante et d’en rester maître. C’est à dire, réexaminer l’intention d’action non consciente (issue d’une habitude) et la remplacer par une autre plus convenable, si nécessaire. Ainsi donc, c’est modifier la tendance habituelle spontanée, par une réflexion consciente et posée. Nos grand-mères nous recommandaient de tourner sept fois la langue dans la bouche avant de parler. Ceci, non parce que cela consiste en un rituel magique, mais parce que cela donne du temps pour percevoir que l’élocution ou l’action ne seront pas forcément adéquates. Ainsi, ce recul intérieur, en alliance avec le travail réalisé dans les chapitres précédents vers le chemin du yoga, permet de mieux contrôler l’action et ainsi, après plusieurs répétitions, de pouvoir peut-être remplacer les mauvaises habitudes par de meilleures. Le but ultime est que les agissements ne soient plus générateurs de conséquences amères et durables. Voici la liberté ! C’est la liberté d’action issue de la capacité à s’isoler de la source néfaste qui pousse à faire le mauvais choix. Ainsi, je suis seul maître à bord, mes actions ne sont pas dirigées par un mental pollué, mais seulement par un mental clair, percevant d’un côté la source d’affliction, et de l’autre les choix d’actions possibles et leur résultantes.

Bon, si vous avez compris le raisonnement, et que l’on pousse le principe un peu plus loin, l’idée finale sera même d’être en mesure de ne plus jamais mélanger le linge, étant donné que le mental est totalement éclairé. C’est le bonheur ! :).

Ce 4ème chapitre va donc mettre en lumière l’importance de nos conditionnements érigés par nos expériences, en lien avec nos humeurs et nos tendances dominantes, et qui forment notre caractère. Le but étant, au travers de cette enseignement, d’être moins enchaîné par les actions dont la source n’est pas claire. La conséquence sera donc de ne plus répéter les mauvais schémas, et la finalité de les remplacer par de meilleurs. Enfin, Patanjali nous amène doucement vers l’étape ultime du yoga, passe par une analyse et une description du fonctionnement et de la raison d’être du mental, pour terminer en dévoilant l’identité du véritable bénéficiaire de cette libération finale, et décrire les résultats engendrés.

Ce travail d’éclaircissement, de nettoyage, c’est le travail du yoga.

Ainsi, ce chapitre est particulièrement dédié au professeur de yoga qui découvrira, aussi, de quelle façon il peut influencer dans le bon sens (le mental de) l’élève, dès lors qu’une « relation » de « cœur à cœur » est instaurée et que les prérequis et précautions à prendre pour la transmission sont appliqués. Une « responsabilité » d’enseignement qui nécessite d’avoir un niveau de conscience et une capacité de concentration avancés, pour trouver la bonne voie.

Une conscience avancée se caractérise par une attention portée à nos actions, de l’ordre de 50% de notre temps. Que veut dire ne pas être attentif ? C’est par exemple lorsque l’on s’écrie, avant de partir de chez soi : « J’ai perdu mes clefs de voiture ! ». Une élocution généraliste qui a pour but de ne pas trop se responsabiliser car en effet, à la place, il serait plus convenu de dire : « Et voilà, encore une fois je ne sais plus où j’ai posé mes clefs de voiture. Mais où ai-je la tête en ce moment ? ». Ça vous arrive ?

Le travail est long. L’intelligence et la mémoire, les modes d’emploi et les outils du yoga, l’expérience directe et l’environnement, de connivence, sont des clés permettant un cheminement vers l’état de yoga.

Merci Patanjali.

> Étudier le chapitre IV

Information incorrecte ou incomplète, erreur d’interprétation ?

Ce document d’introduction au Yoga Sutra de Patanjali et tous les suivants, dans lesquels nous* mettons tout notre sérieux et une grande partie de notre cœur, n’ont pas pour prétention d’être exhaustifs, car la tâche est grande et proportionnelle à l’ampleur du yoga.

* La superbe équipe Yogapage, Pinman, moi

Ce projet comporte donc certainement des manques, des imprécisions ou même des erreurs. Si c’est le cas j’en suis responsable.

L’avantage d’un support web est que le contenu « vit », il est en constante amélioration. Si vous souhaitez nous encourager ou nous apporter vos remarques, vous pouvez le faire en nous envoyant vos commentaires privés à la rubrique « Nous écrire », ou déposer un message public ci-dessous (il sera contrôlé avant publication). C’est avec grand intérêt que nous les accueillerons.

Merci aux enseignants qui, par le contact direct que nous avons avec eux, ou indirectement, au travers de leurs écritures, nous guident dans ce projet passionnant qu’est Yogapage.

Pour entrer dans le vif du sujet
Chapitre I / Chapitre II / Chapitre III / Chapitre IV
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Photo Patanjali : Rpba
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